Parfois nous viennent d'irrépressibles envies. Celle d'écrire, bien entendu, et celle d'écrire sur le vin, jour après jour un peu plus. Pourtant conjuguer les mots au plaisir n'est pas toujours si naturel. Et bien, justement si. Écrivons une part de contentement, et accordons deux océans, celui de la littérature, avec celui du vin. L'un et l'autre ont pour caractéristiques l'universalité, et la diversité.
Ce printemps 2021 a été celui d'un progressif soulagement, le retour des gestes simples, et de la convivialité petit à petit recouvrée, mais aussi celui des blessures pour les viticulteurs et vignerons, mordus par un gel d'avril. La première parution de Onzième Sens s'inscrit dans ce contexte de sourires, mais aussi de destins menacés par les aléas des grands changements climatiques. Qu'il est temps de conter tout ça, ensemble.
Onzième Sens trouve son épicentre en Provence, où réside l'équipe du site : Valentine Champetier de Ribes, graphiste créative collectionneuse de couleurs, Matthieu Prier, photographe des grands et petits bonheurs, et Vincent Crouzet, romancier, et ancien coureur du monde. Aussi, d'évidence, la signature du site sera empreinte des vins du Sud, mais sans la moindre exclusivité. Notre charte de qualité et d'éthique priviligiera les vins bios, mais pas seulement, en respectant l'effort des vignerons engagés dans une transition parfois longue, et compliquée, selon les appellations et les terroirs. Dans l'esprit de notre publication, celle de l'éclectisme, nous nous rendrons partout où le vin est bon.
Pour cette première cuvée de juin 2021, Simonetta Greggio, cette absolue diva, s'est aventurée, accompagnée de son éditrice Capucine Ruat, au coeur des Alpilles, au Domaine de Lauzières, terre d'excellence, Laetitia Chazel, qui écrit le quotidien de son Gard natal, débouche une bouteille et nous déclare "Tous auteurs !", Laurent Guillaume, corsaire et polardeux est revenu sain et sauf du Sahel pour boire du vouvray avec René Vuillermoz, éternel passeur, à la Java des Flacons à Annecy, Borris, le dessinateur de "Charogne" nous esquisse l'ivresse un jeudi soir entre copains à Paris sur la Butte Montmartre, Franck Philippon le scénariste de "Maison Close" et "Mirage" nous transporte à Hollywood (rien de moins) chez le caviste des stars, Greenblatt's Deli & Fine Wines sur Sunset Boulevard, Laurence Rousselin vigneronne de vins natures et bios enjoués dans le Roussillon, nous écrit son attachement pour l'oeuvre de Guillaume Audru, et en regard, Guillaume nous livre sa passion orientale pour une cuvée du domaine Rousselin, Gilles Berton, le traducteur de la vertigineuse "Trilogie berlinoise" de Philip Kerr, retourne sur le terroir familial, en Ardèche septentrionale, pour y redécouvrir un saint-joseph bio tendre comme cette fin de printemps, celui du domaine Barou, et enfin, nous nous sommes échoués dans les bars à vins de Bordeaux, à La Ligne Rouge et chez Tutiac, avant le couvre-feu. Merci à toutes et à tous pour ces premières dégustations, ces rencontres, et ces voix, dans la modération, l'amitié, les yeux qui pétillent, l'Annonciation du grand retour des plaisirs simples. Notre première "cuvée" est bien celle de l'amitié autour d'un verre.
« Nous déclinerons les mots et les terroirs, les femmes et les hommes qui font le vin et de celles et ceux qui l'écrivent ».
Au Domaine Florence Alquier, Vincent Crouzet déguste du Faugères, avec le vigneron Frédéric Desplats. ©credit photo matthieu Prier
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